Peu de temps après que A.T. Still a ouvert le premier collège d’ostéopathie, des États ont commencé à accorder des licences professionnelles aux docteurs en ostéopathie (D.O.). Les diplômés des collèges d’ostéopathie étaient ainsi autorisés à exercer la médecine légalement dans les États qui le leur permettaient. En 1910, l’American Medical Association entreprit une inspection nationale des centres de formation médicale. Le but était d’accorder du financement uniquement aux établissements qui respectaient des critères pédagogiques bien précis. Afin de conserver leur financement, la plupart des collèges modifièrent leur programme de cours pour qu’il soit conforme aux exigences de l’AMA, lesquelles reposaient sur l’entraînement médical traditionnel comprenant une formation en pharmacologie, en chirurgie et en obstétrique. En 1930, aux États-Unis, la profession avait déjà adopté un modèle pédagogique qui incluait toutes les pratiques de la médecine conventionnelle liées au diagnostic et à la thérapeutique, mais elle avait conservé une approche de la santé fondée sur celle de Still. C’est toujours le cas d’ailleurs dans ce pays : les ostéopathes états-uniens sont des médecins, titulaires en règle d’un permis d’exercer, et le titre d’ostéopathe est réservé à ceux d’entre eux qui ont une licence de D.O. Il y a actuellement 25 collèges d’ostéopathie aux États-Unis, et plus de 70 000 docteurs en ostéopathie formés dans ce pays exercent leur métier partout dans le monde.
Ailleurs, le développement de l’ostéopathie s’est fait autrement. En Angleterre, en France et dans d’autres pays, les efforts pour faire reconnaître comme médecins les docteurs en ostéopathie n’ont pas abouti. Bien que les titres de « D.O. » et d’« ostéopathe » aient été adoptés par les praticiens européens, leur formation et le champ d’action de leur pratique étaient très différents de ceux de leurs homologues américains. Les ostéopathes formés ailleurs qu’aux États-Unis recevaient une formation en théorie et en philosophie de l’ostéopathie, mais leurs compétences pratiques étaient limitées aux manipulations ostéopathiques et les actes médicaux – prescrire des médicaments, faire des injections ou pratiquer des interventions chirurgicales – leur étaient interdits. Quand l’ostéopathie comme profession a commencé à se répandre dans le monde, cela s’est fait suivant le modèle européen plutôt que le modèle états-unien.
Aujourd’hui, il existe deux sortes d’ostéopathes : les thérapeutes manuels, qui ne sont pas médecins, et les médecins ostéopathes. La pratique d’un ostéopathe qui n’est pas médecin est habituellement centrée exclusivement sur la thérapie manuelle (les manipulations), alors que les médecins ostéopathes appliquent tous les traitements qui relèvent de leur pratique médicale, en plus des manipulations ostéopathiques. Les États-Unis sont le seul pays à offrir une formation médicale complète en ostéopathie; cependant, dans d’autres régions du monde, les médecins ayant reçu une formation traditionnelle peuvent suivre des cours et devenir médecins ostéopathes. Dans certains pays, dont le Royaume-Uni, la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, les deux sortes d’ostéopathes jouissent d’une reconnaissance juridique : les gouvernements ont établi des normes juridiques pour la formation des ostéopathes et l’exercice de l’ostéopathie qui reconnaissent les deux types de praticiens. Dans d’autres pays, les ostéopathes ont obtenu une certaine forme de reconnaissance juridique, comme l’usage exclusif de titres tels qu’« ostéopathe » et « thérapeute ostéopraticien », et dans d’autres pays encore, comme le Canada et l’Espagne, les praticiens sont en train de négocier des accords avec leur gouvernement afin de donner un statut juridique à la profession. Enfin, dans la majorité des pays, il n’existe pas de normes reconnues pour la formation des ostéopathes ou l’exercice de l’ostéopathie.
À l’heure actuelle, partout dans le monde, les praticiens qui utilisent le titre d’ostéopathe ont des parcours et des formations très disparates, qui vont d’un atelier de quelques heures sur les techniques de manipulation jusqu’à une formation complète en médecine. En 2010, l’Organisation mondiale de la santé a publié un document intitulé Benchmarks for Training in Osteopathy, fruit des travaux d’un comité formé d’éminents ostéopathes du monde entier, qui vise à établir des normes internationales pour les programmes de formation en ostéopathie. D’autres organisations, comme la World Osteopathic Health Organization et l’Osteopathic International Alliance, s’efforcent également de réunir les ostéopathes de tous les pays et d’établir des normes mondiales en matière de formation et de pratique ostéopathiques.
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